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La Grande Guerre de Confédération contre les Be’gel (Partie I - Chapitre 6)

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Entre la Deuxième et la Troisième Sphère d’Expansion

Sept Vior’la

Planète So’rtal


« J’entends le ronronnement puissant des moteurs, je sens la chaleur de l’entrée dans l’atmosphère, je ressens le tremblement de la carlingue, malgré la puissance du bouclier et la résistance des matériaux utilisés par les Fios. Notre première mission. Mes frères sont dans le même état que moi, cette envie d’en découdre, mais cette peur de l’inconnue qui nous noue les boyaux. Des années d’entrainement et dans quelques secondes, la porte du module d’atterrissage s’ouvrira. »


Observant les écrans holographiques bleus fixés devant lui, Shas’la D’yanoi Ga’houin suivait l’approche du vaisseau Manta vers son objectif. Il était enchâssé dans son harnais, aux côtés de ses frères d’armes, avec lesquels il venait de se lier par le rituel du Ta’Lissera. Les scarifications le brûlaient encore. Il tourna son regard vers le couteau rituel, accroché à la ceinture du Shas’ui de l’équipe, Shas’ui D’yanoi Kau’vash Tau’va, un vétéran de ces champs de bataille contre les Be’gel depuis six ans. Il ressentait une grande fierté depuis cette cérémonie. La fierté d’appartenir à une famille. Les onze autres Shas’la étaient alignés dans la même rangée. Une autre jeune équipe de feu prenait place en face de lui, menée par le Shas’ui Kys’gwen. Toute son équipe avait été décimée par les Tyranides il y a de cela une Tau’cyr. Il avait été le seul shas’la rescapé. Derrière Ga’houin, se trouvait encore deux équipes de feu. Ils se dirigeaient vers leur premier combat. Tous les Shas’la du vaisseau connaitront, très bientôt, l’odeur du champ de bataille. La détermination et la hâte de se battre lui battaient dans les tempes, il brûlait d’aller au combat, loin des académies militaires. Il repensait aux années passées dans son académie sur D’yanoi. Il y a peu de temps, la plupart des shas de ce vaisseau n’était encore que des Shas’saal. Il était devenu un guerrier de feu, pas seulement parce qu’il appartenait à la caste du feu, mais avant tout car il voulait aller combattre sur des mondes lointains, pour accomplir son devoir et participer activement à la diffusion du Bien Suprême. Il était heureux d’avoir été choisi pour participer à cette campagne, aux côtés de ses amis, et sous les ordres des chefs les plus illustres. Il souhaitait par-dessus tout satisfaire aux exigences des maîtres, ne pas les décevoir, montrer son courage et de ne pas plier, ni renier.


***

***


Le vaisseau Manta se posait sur la base principale T’au de So’rtal, l’une des planètes du Sept Vior’la, envahi par les orks. Le déferlement de la Whaaagh avait pu être endigué, mais les orks maintenaient toujours la pression. Il était important que So’rtal ne tombe pas, afin de verrouiller l’accès à Vior’la même. Shas’la D’yanoi Ga’houin sortait du vaisseau avec son équipe menée par son shas’ui afin de gagner leur baraquement. La halte serait de courte durée car son cadre de chasse devait être engagé rapidement sur l’une des fortifications T’au. Le secteur assigné dessinait une ligne de front claire, contrairement au secteur opposé sur lequel se déroulaient les combats majeurs. La tactique des T’au était de contenir les principales vagues d’assauts à l’Ouest, afin de détruire méthodiquement les orks par l’Est, moins nombreux et moins bien organisés.

Après un court repos, le cadre de chasse embarqua dans les vaisseaux Orca. Celui dans lequel embarquait Ga’houin transportait son équipe de guerrier de feu ainsi que celle de Kys’gwen. Deux équipes Crisis occupaient les râteliers centraux. Aux yeux de Shas’la Ga’houin, rien n’incarne aussi bien l’ingéniosité des Fio que l’Exo-Armure XV8 Crisis. La grâce qu’elles déployaient lors des combats le faisait rêver. Depuis qu’il était en âge de comprendre sa destinée au sein du Bien Suprême, il a toujours rêvé d’en revêtir une. Larges, lourdement blindées, transportant de multiples systèmes d’armes, elles représentaient parfaitement la Caste du Feu. Lorsque l’Empire Tau était évoqué auprès des ennemis du Bien Suprême, ils se représentaient immédiatement les Exo-Armures et plus particulièrement les XV8 Crisis. Plus qu’un système d’armes sophistiqué, elles sont le symbole de l’idéale de la Caste du Feu. Les multiples combinaisons tactiques que permettaient les équipes de Crisis en faisait le fleuron de l’armée Tau que Ga’houin rêvait de rejoindre. Il parcourait du regard les lignes gracieuses et le revêtement nanocristallin, résistant aux chocs et aux projectiles puissants. Il admirait la technologie anti-grav et les systèmes avancés qu’elles embarquaient. Il les connaissait par cœur, le générateur de bouclier, les propulseurs permettant une manœuvre parfaite et agile, les fusils à plasma, les éclateurs à fusion, les canons à induction, capables de transpercer les plus lourds blindages et décimer des unités entières en quelques secondes.

Depuis les écrans répartis dans l’habitacle de l’Orca, Shas’la Ga’houin pouvait avoir une vue d’ensemble sur l’extérieur. Il devinait désormais les lignes somptueuses des fortifications T’au qui ne semblaient pas avoir souffert. Au loin, de l’autre côté d’un champ désert formant un no man’s land, il percevait la masse d’orks regroupaient autour de leurs campements. Ils formés une immense marée attendant impatiemment le prochain assaut.

La porte de débarquement arrière de l’Orca s’ouvrit et Ga’houin pouvait admirer les Exo-Armure se détacher de leur râtelier et s’avancer majestueusement vers la sortie. Les guerriers de feu attendaient que les Crisis libèrent la place afin de sortir à leur tour. Shas’ui Kau’vash Tau’va informa l’équipe que d’ici environ un Dec, ils auraient un briefing complet sur la mission.


***

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Scrutant la marée de bric et de broc, Shas’la D’yanoi Ga’houin, se préparait à sa première bataille. A l’abri derrière les fortifications T’au, Shas’ui Kau’vash Tau’va l’avait rassuré. Il n’avait qu’à appliquer les fondamentaux assimilés à l’académie militaire de D’yanoi. La marée approchait dans un fracas de plus en plus assourdissant. Les armes à longue portée avaient déjà commencé à ouvrir le feu. Il ajustait son canon sur les orks, même sans prendre le temps de viser, il ne pouvait que faire mouche, tellement la masse était compacte. Cependant, il tenait à s’appliquer. Et c’était comme à l’académie, il pressa la détente et son fusil à impulsion délivra le projectile à haute vélocité. Il n’avait pas eu le temps de retirer son œil de son viseur, qu’il vit au travers l’épaule d’un Be’gel se déchirer, et le peau verte s’écrouler. Il venait de vivre son baptême du feu.


***


La bataille fut sanglante pour les Be’gel. Mais ils s’étaient acharnés comme s’ils en tiraient une satisfaction à voir autant de sang couler, même si c’était celui de leurs frères. Les Exo-Armures arrosaient les peaux vertes depuis les cieux, esquivant gracieusement les tirs laborieux des orks. L’équipe de Ga’houin n’avait pas souffert, si ce n’est Shas’la D’yanoi M’yenhe, qui reçut un éclat du mur qui le protégeait lorsqu’un obus tiré à l’aveuglette vint percuter la fortification. L’offensive était trop anarchique pour qu’elle puisse inquiéter les défenseurs.


***


Après cette offensive, les jours suivants furent extrêmement calmes. Sauf dans le camp adverse. Autour des feux et des tentes se ressentait beaucoup d’agitation. Des bagarres, des coups de feu, des émeutes, partout, parmi les rangs innombrables des orks. Malgré cela, quand il lui arrivait de croiser, Shas’o D’yanoi Rib’wund, le commandeur de son cadre de chasse, il percevait sur son vieux visage, que ces agitations l’inquiétaient.


***


- « Vénéré Aun’Gaï, les Be’gel s’agitent, ils se cherchent un nouveau chef », dit Shas’o D’yanoi Rib’wund à l’Ethéré se tenant devant lui au poste de commandement, où ils étaient restés seuls. « Quand un nouveau leader émergera, leurs assauts cesseront d’être anarchiques et deviendront bien plus terribles ». Rib’wund fit le signe de la vague s’écrasant sur les rochers en pleine tempête.

Le vénérable Aun’Gaï regardait Rib’wund de haut de toute sa sagesse.

- « L’offensive principale menée par O’Shassera n’en est pas encore à sa phase finale. Il va falloir tenir pour que le plan fonctionne. ».

- « Je vais faire mon possible, maître, le cadre est majoritairement composé de jeunes, mais ils sont déterminés. » Et il conclut en faisant le signe de l’étoile naissante insufflant le souffle de la vie.


***


Les orks s’agglutinaient devant les fortifications. Ils avaient pris soin de rester hors de portée des armements T’au. De nombreuses machines de sièges parsemaient les rangs. Cette fois-ci, l’attaque sera coordonnée. Toutes les forces prenaient place sur les murs. Dans l’attente de l’offensive, les shas’ui passaient parmi leurs shas’la, pour la plupart avec peu d’expérience. Ga’houin écoutait Kau’vash Tau’va, répétait que ce n’était pas différent de la première fois. Qu’il fallait viser juste, avec calme et détermination. Ga’houin regarda dans la direction de Shas’o Rib’wund, enchâssé dans son Exo-Armures Crisis. Elle semblait retranscrire ce que son pilote ressentait. Elle ne bougeait pas, elle observait la masse qui allait se déverser sur les murs d’ici quelques secondes. Les cibles prioritaires avaient été données à chaque unité. Il observait. Comme s’il appréhendait une chose qu’il ne pouvait déterminer.

Au moment où les orks s’élancèrent et que les premières armes T’au ouvrirent le feu, une explosion se fit entendre derrière eux. Les générateurs d’énergie volaient en éclat. Sur les murs, l’ensemble des guerriers se baissèrent par réflexe. Que se passait-il ? Ga’houin n’eut pas le temps de se poser la question. Il vit des échanges de tir dans le camp. Les orks attaquaient sur deux fronts. Ils avaient réussi à s’infiltrer.

- « Des commandos se sont infiltrés par des tunnels ! » Kau’vash Tau’va venait de recevoir des informations et retranscrivait ce qu’il se passait à ses guerriers de feu. « Nous devons quitter les murs pour renforcer les unités de réserve submergées, aller, aller, aller, on y va ». L’équipe de guerriers de feu de Ga’houin avait reçu l’ordre de repousser les intrus.

Il tourna son regard vers la position de Shas’o Rib’wund mais ne le vit pas, alors qu’il descendait les marches du mur de fortification, il entendit une escadrille de drones passer au-dessus de lui. Il leva les yeux et vit l’Exo-Armure de Rib’wund, accompagnée de son équipe Crisis de gardes du corps, se précipiter dans la bataille grâce à leurs répulseurs. Accaparé par ces images, il trébucha dans les escaliers et dévala les dernières marches. Il se sentait idiot, alors que Kau’vash Tau’va, sans dire un mot, le releva d’un bras dans son élan, invitant les guerriers de feu à accélérer le pas.

- « Dépêchez-vous, nous devons appuyer le commandeur, il faut rapidement se mettre en position ! » Il désigna le bâtiment de commandement, haut d’un étage, qui permettait d’avoir des vues sur l’ennemi.

Ga’houin sentait l’adrénaline monter en lui. Comme dans les moments les plus intense de son entrainement, il sentait son cœur battre à mille à l’heure alors que ses jambes semblaient monter les marches toutes seules. Ces facultés étaient décuplées au centuple. Les guerriers de feu prenaient position sur les balcons, quand tout à coup, une explosion projeta trois de ses camarades, éjectés dans les aires, déchiquetés par l’explosion. Les kommandos orks avaient envoyé plusieurs grenades sur leur position. Il s’arrêta. Les yeux écarquillés. La bouche grande ouverte. Incapable de bouger le moindre muscle. La poussière soulevée par le souffle emplissait la pièce. Le temps s’était figé. Certains Shas’la étaient encore engourdis par l’explosion, alors que Kau’vash Tau’va tentait de les sortir de leur torpeur.

- « Aller, bougez-vous ! Prenez vos positions et faites feu, nous devons apporter un appui feu au commandeur ! ».

Comme guidé par un instinct supérieur, sans vraiment en être conscient, Ga’houin prit place aux côtés de Kau’vash Tau’va, et commença à ajuster son fusil à impulsion sur les orks en contrebas. Et il fit feu. Il abattit un premier ork, d’une balle en pleine tête. Puis il ajusta une seconde cible. Il pressa la détente et elle s’écroula. Puis une troisième. Ga’houin abattait mécaniquement tous les orks qu’il prenait pour cible. Il n’avait plus conscience de ce qu’il faisait.

Il était sur le champ de tir, à côté de M’yenhe. Couché sur sa paillasse, il fit mouche. Tournant le regard vers M’yenhe, il lui sourit, fier de son résultat. M’yenhe, qui n’était pas mauvais au tir, mais tout de même en deçà de Ga’houin, lui rendit son sourire par le signe de l’ami bienveillant encourageant. Ils venaient de rentrer à l’académie et s’égaillaient à leurs premières instructions.

La vision se troubla, les détonations du champ de tir laissèrent place aux projectiles des automatiks qui claquaient sur le muret, tout autour de Ga’houin. Celui-ci fini par s’en rendre compte. Il enlevale doigt de la détente et Kau’vash Tau’va le tira à l’abri du muret. Il prit le temps de regarder autour de lui alors que Kau’vash Tau’va lui criait des ordres incompréhensibles. Les corps de deux autres de ses camarades gisaient à côté de lui. L’équipe était presque réduite de moitié. Kau’vash Tau’va avait ordonné le repli pour trouver une position moins exposée. Alors que l’équipe commençait à se replier, Ga’houin voulu jeter un dernier œil par-dessus le balcon. Shas’o Rib’wund était au corps à corps avec les orks, entourait des Exo-Armures Crisis. Le canon de son fusil à impulsion bascula au-dessus du mur et se mit à cracher ses munitions. En un instant, Ga’houin toucha six orks aux prises avec le commandeur et ses gardes du corps. Surpris de les voir tomber si subitement, Rib’wund porta le regard vers la position de tir. Mais il ne vit rien. Ga’houin avait emboité le pas des autres shas’la de son équipe.


Après un long effort, l’infiltration ork fut maîtrisée. Les orks furent repoussés, et plutôt que de condamner le tunnel, Rib’wund plaça des lance-flammes devant l’entrée. Les assaillants continuaient d’affluer, mais au compte goûtes. Chaque Be’gel qui se présentait se faisait rôtir, répandant une odeur de brûlé acre et piquant dans le camp. Mais il en venait toujours, comme s’ils ne comprenaient pas que le tunnel était désormais défendu.

Entre temps, ce qu’il restait de l’équipe de Ga’houin avait repris sa place sur le mur de défense. Mais l’assaut perdait de sa vigueur. Il avait été extrêmement violent et certains parvinrent à prendre pied sur les fortifications. Ceux-ci furent repoussés qu’au prix de nombreuses vies Tau et grâce à un acharnement des défenseurs qui ne lâchaient rien. Pour chaque ork qui passait les défenses, une dizaine de Taus étaient nécessaires pour le repousser. Ces êtres étaient d’une carrure impressionnante. Deux fois plus grand qu’un Tau, trois fois plus large et d’une force incomparable, ce fut un miracle qu’un seul d’entre eux ait pu être abattu. Les Tau en avait tué une dizaine. La fureur au combat des Tau du Sept de D’yanoi n’était plus à démontrer.


Après cette attaque, le cadre de chasse était fortement réduit. Il avait beaucoup souffert. Heureusement, l’agression au cœur même du camp pu être repoussée sans trop de dégât. Mais elle accapara des ressources qui n’étaient plus sur les murs, là où les pertes furent les plus terribles. Cet assaut, dans sa globalité, faisait partie du plan des Be’gel. Les fortifications étaient fragilisées et les défenseurs amoindris en vue de l’assaut final. Le cadre ne pouvait compter sur aucun renfort car l’effort était porté sur l’offensive finale de O’shaserra.


Une nuit, Ga’houin retrouva Shas’ui Kau’vash Tau’va prêt de son casernement, le regard vers le ciel, pensif.

- « Vous n’arrivez pas à trouver le sommeil ? » Demanda Shas’la Ga’houin pour entamer la conversation.

- « Je vois que je ne suis pas le seul. » Répondit Kau’vash sans détourner le regard.

- « Effectivement, je n’arrive pas à détourner mes pensées de la dernière attaque. Ces images m’empêchent de trouver le sommeil ». Répliqua Ga’houin en baissant la tête.

- « C’est normal. Le contraire aurait été inquiétant. Tu devrais t’en souvenir encore longtemps, si ce n’est pour toujours. » Ils restèrent un moment sans dire un mot.

- « J’aime contempler les lunes. Elles ne sont jamais les mêmes. Mais quelle que soit la planète sur laquelle on se trouve, elles se lèvent chaque nuit, défiant l’obscurité. Je recherche des similitudes avec les lunes de chez nous, que j’admirais déjà tout petit, sur D’yanoi. Une certaine magie apaisante se dégage de leur faible lueur pâle. Je n’en ai encore jamais vu, mais je n’ose imaginer la noirceur d’une nuit sur une terre sans lune. J’espère ne jamais me retrouver sur un tel monde. »

- « Oui, elles donnent un sentiment d’immortalité. »

- « C’est exactement cela. » Acquiesça Kau’vash.

Ce soir-là, ils restèrent longtemps à contempler les étoiles.


***


***


Le brouillard tomba sur le camp. Il s’épaississait rapidement. Ce phénomène était chose rare sur cette planète. Les défenseurs, du haut des murs, n’arrivaient plus à se distinguer à un pas de distance. La plupart des guerriers étaient entre les mains des Fio pour panser les blessures et s’occuper des cas les plus graves. Shas’ui Kau’vash Tau’va discutait avec Shas’la Ga’houin.

- « Tu as été brave et efficace lors de l’assaut des Be’gel. Un peu inconscient mais brave. » Kau’vash félicitait Ga’houin.

- « Merci maître shas’ui. » répondit Ga’houin. « Je n’ai fait qu’appliquer ce que vous nous avez enseigné. »

- « Ta modestie est tout à ton avantage, mais c’est plus que cela, tu as un talent naturel. Je suis fier de te compter dans mon équipe. Notre équipe a perdu la moitié de ses effectifs et nous faisons partie des moins touchés. Nous aurons besoin de shas comme toi prochainement. En espérant, que les Be’gel nous laissent assez de répit pour nous remettre. Ils ont été éprouvés, mais nous avons souffert bien plus qu’eux. Espérons qu’ils ne s’en soient pas rendu compte, mais j’en doute. ».


Un éclair surgit à toute vitesse devant eux. Ils eurent tout juste le temps de tourner la tête vers l’extérieur pour apercevoir leur commandeur Rib’wund s’encastrer et pulvériser un ork volant. Ce dernier avait surgi du brouillard en laissant une trainée de fumée noire épaisse derrière lui, peu distinctes dans cette purée de pois. Une fusée était harnachée sur son dos et lui permettait d’effectuer un vol chaotique et disgracieux. Ce n’était absolument pas comparable au vol angélique des Exo-armures.

- « Des Stormboys ! » Hurla Shas’ui Kau’vash Tau’va.

Au même moment, des escouades de Crisis déboulèrent derrière lui et vinrent imiter leur commandeur. Des tas de Stormboys émergèrent de la brume et se virent arrêtés net par les Exo-armures qui les percutèrent dans un fracas tonitruant.

- « Seulement quelques heures de répit. Cette fois, nous sommes perdus ! » S’exclama le shas’ui tout en saisissant son fusil à impulsion. « Ga’houin, va t’assurer que l’alerte ait bien été donnée et que toutes les équipes viennent renforcer les défenses. »

Ga’houin s’exécuta et dévala les escaliers avec rapidité. Il se dirigea vers les baraquements. Une explosion terrible le faucha dans son élan et le projeta à terre, au moment où il passa devant l’infirmerie. Quand il se releva, couvert de poussière ocre, il ne vit à la place du dispensaire qu’un tas de débris et de matériels calcinés. Il ne restait plus rien, ni du bâtiment, ni des Tau, Fio ou Shas. Il resta hébété, impuissant, ses mains laissèrent tomber son arme et ses jambes flanchèrent. Il tomba à genou.

- « Comment le projectile meurtrier a pu franchir la barrière de défense contre-feu ? » Se demanda-t-il, atterré.

La rage l’envahit. La chaleur lui parcourait le corps et les muscles. Son esprit bouillonnait et il se releva avec une énergie décuplée. Il courait maintenant à toute allure vers les baraquements. Mais avec le vacarme de la bataille, le camp entier devait être au courant de l’attaque. Dans les casernements, tous les guerriers étaient afférés. Dans les hangars des Exo-armures, les shas revêtaient leurs armures de combat. Ga’houin fonça au poste de commandement. De même, tout le monde était déjà à son poste. Il lui brûlait désormais de retourner au mur aux côtés de ses camarades pour faire rugir son fusil sur les Be’gel. De retour à son poste, il rendit compte de l’exécution de sa mission à son shas’ui et sans perdre de temps, il déversa ses munitions à impulsion par-dessus le mur. L’attaque aérienne avait été stoppée et les Crisis, survolant le champ de bataille, répandaient une averse de projectiles divers sur les Be’gel, tout en évitant leurs tirs, en un balai harmonieux. Mais après seulement quelques minutes, et une vingtaine de Be’gel tombés sous les coups de Ga’houin, une détonation se fit entendre et un tremblement renversa les défenseurs. En un instant, le monde devenait apocalyptique et une pluie de débris vinrent s’écraser tout autour de Ga’houin.

A terre, n’entendant plus qu’un bruit sourd qui bourdonné dans ses oreilles et regardant autour de lui comme si le monde était au ralentit, Ga’houin ne comprenait plus ce qui lui arrivait. Tous les guerriers qui se trouvaient sur les murs étaient à terre. Certains se tenaient la tête, d’autres un membre écrasé par un débris. Le son redevenait de plus en plus clair, le défilement du temps reprit son rythme normal. Il regarda par-dessus le mur, à l’intérieur du camp, et il vit un déferlement d’orks s’engouffrer dans la brèche qu’ils venaient d’ouvrir dans les fortifications. Comme les eaux se déversant d’un barrage qui cédait, les orks pénétrèrent à l’intérieur de la place forte.

Et soudain, il apparut. Un gigantesque Be’gel, deux fois plus grand que les autres, se présentait dans la brèche. Engonçait dans un amas de ferraille, il faisait presque deux fois la taille d’une Exo-armure Crisis. Sans aucun doute, ce ne pouvait être que leur chef. Les autres Be’gel, ordinairement d’une taille et d’une carrure impressionnante, semblaient minuscules et fragiles à ses côtés. Ils s’écartaient devant lui comme s’ils redoutaient son courroux. Une Riptide vint s’interposée afin de contenir les orks à la brèche. Mais en un instant, elle fut proprement découpée par le Big boss, avant d’avoir pu activer son réacteur Nova. Ga’houin n’en revenait pas.


Tout semblait perdu. Les shas tombaient de toutes parts. Les coups des Be’gel étaient brutaux et mortels. La marée verte se répandait dans tous les recoins du camp. Les murs fracassés ne remplissaient plus leur rôle protecteur. Alors que les défenses ne tenaient plus et que les défenseurs se faisaient exterminés, Ga’houin porta son regard aussi loin qu’il le pouvait, il ne voyait qu’un océan d’orks. A ses côtés ne restaient debout que son shas’ui et le shas’la M’yenhe, avec son bandeau qui lui couvrait un œil depuis la première attaque des orks.


Ga’houin se rappela la mission de son cadre : tenir suffisamment longtemps pour que le commandeur Suprême O’shaserra puisse terminer son opération de débordement. Les pertes étaient conséquentes et ils n’étaient plus qu’une poignée. Mais ils devaient accomplir leur mission jusqu’au bout. Ga’houin allait mourir pour que le Bien Suprême puisse triompher. Alors il reprit son fusil à impulsion et tenta d’éliminer un maximum de Be’gel avant que ce ne soit son tour de tomber face contre terre. Les deux shas à ses côtés faisaient de même. Ils se concentraient autour du Big boss Be’gel. Après quelques tirs rapides bien ajustés, un espace apparu autour du Big boss. Les corps ensanglantés de ses orcs recouvraient le sol. Alors que la marée verte se répandait à l’intérieur de la base, toutes les Exo-armures Crisis du cadre encore en état, se jetèrent dans l’intervalle créé par Ga’houin et les deux shas. Le geste fut rapide et mécaniquement orchestré. La majeure partie des Exo-armures formaient un cordon autour du Big boss et pulvérisaient à bout portant tous les orcs qui passaient à portée. Les Crisis ne pouvaient pas rivaliser avec le Big boss, alors les Exo-armures restantes tentèrent de submerger le Big boss par le nombre. Un grand nombre d’entre elles furent découpées, pulvérisées ou écrasées par les armes énergétiques du Big boss. Mais en un instant, Le commandeur Rib’wund se présenta devant le Big boss, posa le canon de son éclateur à fusion sur son plastron et tira. Le chef ennemi éclata en une gerbe de chairs et de métal fondus. Le temps et les combats cessèrent soudain, durant un temps qui semblait durer une éternité. Le silence tomba sur le champ de bataille et ne fut interrompu que par un message relayé dans tous les moyens de communication T’au, ordonnant le repli. O’shaserra avait réussi sa percée et sur toute la planète, les orcs se débandaient. Les Crisis disparurent en un instant et appuyés par une pluie de missiles, des Devilfish surgirent des arrières pour récupérer les guerriers de feu restant. Quand la porte arrière du Devilfish lévitant à côté de Ga’houin s’ouvrit, il sauta à l’intérieur avec ses compères sans perdre une seconde. Le vaisseau poussa ses moteurs au maximum, et la flotte se replia avant que les orcs n’aient pu comprendre ce qu’il se passait.


***


Peu de temps après, vint le temps de panser les blessures du cadre de chasse. Le flanc Ouest de l’opération sur So’rtal subit beaucoup de pertes. Les contingents durent être relevés du front pour régénérer leurs forces. Ga’houin, M’yenhe et le shas’ui Kau’vash Tau’va, ainsi que le shas’ui Kys’gwen et les quelques survivants de son équipe, firent partie des héros promus. Mais Ga’houin fut particulièrement recommandé par le commandeur Shas’o Rib’wund lui-même. Quelques semaines avant sa nomination au rang de shas’ui, alors que le vaisseau ramenait les combattant sur la base arrière de Vior’la, ils se croisèrent dans les couloirs de l’infirmerie. Ce moment privilégié ne dura que quelques secondes, mais Ga’houin en garda le souvenir pour toujours.

En apercevant son commandeur approcher, Ga’houin fit le signe de la soumission de l’oie astrale, le signe le plus respectueux des coutumes T’au. Sans dire un seul mot, mais scrutant le shas’la d’un regard profond de gratitude, le commandeur fit le signe de la bravoure du guerrier des temps anciens. Ilfélicitait par ce geste le shas pour son courage et ses actions remarquables sur le champ de bataille. Ga’houin se releva ébahi et Rib’wund fit un second signe, plus discret mais infiniment plus surprenant. Le regard plein de reconnaissance et de sympathie,il hocha la tête en faisant le signe du Ta’lissera enveloppant la fleur de lotus bleue, un panégyrique d’une extrême rareté. Ce signe signifiait que Rib’wund lui vouait une reconnaissance absolue.

C’est donc sans aucune surprise, qu’il retourna à l’académie militaire pour recevoir la formation de shas’ui et de passer l’épreuve du feu qui lui décernerait le droit de revêtir une Exo-armure XV8 Crisis. Pour ne pas perdre de temps en un voyage beaucoup trop long jusqu’à D’yanoi, il intégra l’académie militaire de Vior’la. Sorti parmi les meilleurs de sa promotion, il fut affecté à une unité de Crisis sous le commandement de Shas’vre D’yanoi Kau’vash Tau’va. Puis il partit pour les éocosmes de Kormusan, au sein du cadre de chasse de Shas’o Rib’wund, où il se distingua de nouveau. Avant de continuer la campagne de purge vers les Expansions K’resh, il fut promu Shas’vre et intégra l’équipe de Crisis de gardes du corps de Shas’o D’yanoi Rib’wund.Shas’vre Kau’vash Tau’va était à ses côtés et il retrouva le shas’vre Kys’gwen. Lors de cette guerre, les pertes furent minimes et les orks furent définitivement brisés. Les shas de D’yanoi purent rentrer chez eux, où ils purent prendre un temps de repos, mais surtout, intégrer les nouvelles recrues, régénérer leurs forces et s’entrainer, en vue des campagnes futures. Les talents de guerrier et le potentiel de meneur du shas’vre Ga’houin étaient reconnus et faisaient l’unanimité. C’est ainsi qu’il eut l’honneur de devenir shas’o et de se voir confié un cadre de chasse pour la campagne d’expansion de la troisième sphère. Quant à Kau’vash Tau’va, il prit le commandement du contingent, après avoir mené un cadre de chasse pendant quelques Tau’cyr.


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