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Un éthéré parmi les Kroots (Partie I - Chapitre 3)

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Troisième Sphère d’Expansion

Sept Fi’rios

Planète Shy’la


- « Mais sais-tu seulement pourquoi tu es un Shas et non pas un Fio, un Kor, un Por et encore moins un Aun ? »

- « Parce que je suis né Shas »

- « Et pourquoi es-tu né Shas ? Tu ne le sais pas ? Je vais t’expliquer pourquoi. C’est tout simplement parce que l’on vous interdit de vous reproduire avec des Taus d’une autre Caste. Ne t’es-tu jamais posé la question ? Tu sais bien que les femelle Por sont les plus charmantes. Ne t’es-tu jamais senti abêti en présence d’une Por ? »

- « Si maître… mais elles ne trouveront jamais un Shas à leur goût » Répondit Shas’ui D’yanoi Mont’aloh.

- « Sornettes que tout ceci ! C’est simplement qu’elles n’en ont pas le droit ! Pour garder vos particularités, vos compétences dans chacun de vos domaines, pour garder vos spécificités et ne pas noyer vos compétences dans l’éparpillement des gênes, il vous est interdit de vous mélanger avec d’autres Castes. C’est simplement pour la grandeur du Bien Suprême que chaque Caste est poussée au maximum de ses dons et de ses caractéristiques. C’est une sélection génétique naturelle. »

- « Vous me perdez maître, je ne suis pas un Fio ! Je n’avais jamais envisagé cela sous cet angle ».

- « Et en quoi les Kroots seraient différents ? Lorsque les Taus se perfectionnent par la sélection génétique, les Kroots, eux, se spécialisent avec ce qu’ils ingèrent. C’est leur manière à eux d’évoluer. Ils ne sont pas bien différents de nous finalement, et leur méthode est implacablement efficace ». Aun’goueï venait de terminer sa démonstration.


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Mondes Kroot

Planète Sugdh



Mon vénérable frère, je te fais parvenir mon rapport sur le peuple kroot de Sugdh. Le temps passé parmi eux m’a beaucoup appris. Puisses-tu encore t’enrichir au-delà de ta connaissance incommensurable.


Bien que de premier aspect sauvage, les Kroots n’en sont pas le moins du monde dangereux, hormis pour leurs ennemis. Ils ont un fort désir de s’intégrer dans l’Empire et vénèrent littéralement le Bien Suprême. J’ai pu recevoir de leur part, une reconnaissance au-delà de mes espérances.


Fio’ui D’yanoi Mo’sen a bénéficié de toute la latitude nécessaire pour entreprendre ses inspections médicales afin d’en apprendre plus sur leur anatomie. Bien que la physiologie des Kroots soit humanoïde, des éléments suggèrent qu’ils appartenaient à l’avifaune aux premiers stades de leur évolution. Ils ont conservé un bec atrophié, une structure osseuse légère et pratiquement creuse, ainsi que quatre doigts, aussi bien aux mains qu’aux pieds. Bien plus grands que nous, leur corps est également très résistant aux changements climatiques et atmosphériques. La pigmentation de la meute que j’ai suivie est sombre, mais leur peau peut prendre une multitude de teinte. Un Kroot grandit rapidement. Sa période de croissance s’étalant essentiellement sur les dix premières années de sa vie. Il est considéré adulte dès l’âge de douze ans et on a pu déjà observer des individus centenaires dont la peau devient de plus en plus ridées et tannées. Les épines dépassant de leur tête leurs servent de dispositifs sensoriels, grâce à des ganglions combinés à leur cerveau et qui courent le long de leur crête. Tous les Kroots sont grands et élancés, mais leur constitution est trompeusement frêle. En réalité, leur musculaire noueuse est composée de fibres denses dont la force est supérieur à celle d’un Tau. Leur contraction musculaire rapide leur permet de porter des coups cinglant avec une force impressionnante.


Dans les premières Kai’rotaa, j’ai visité les manufactures d’où sortent les gigantesques sphères de guerre. Ces efficaces structures dénotent complètement avec leur mode de vie arboricole. Le seul point commun est la simplicité et leur faculté d’aller à l’essentiel.



Après plusieurs Kai’rotaa à vivre parmi eux, j’ai pu gagner la confiance des chefs de clan, les mentors. Ils sont organisés en groupes familiaux que nous appelons parenté, ou meute. Chaque parenté de kroot est menée par un mentor. J’ai pu ainsi être convié à l’une de leur cérémonie funéraire. La cérémonie débute au moment où la nuit et la plus noire. De grand brasiers sont allumées, formant un large cercle de feu, afin de chasser les ténèbres. Au centre, une pierre plate légèrement surélevée sert de catafalque rudimentaire à la dépouille du Kroot. S’en suit alors une longue cérémonie où le mentor discourt sur l’importance fondamentale de la conservation de l’esprit guerrier du défunt au sein de son clan. Puis, l’assemblée entame une série de longs chants caquetants et envoûtants. Alors un silence total vient clôturer la cérémonie funéraire durant lequel, le mentor découpe le cadavre du guerrier mort et distribue lui-même les différentes parties aux membres de sa meute. Viennent enfin les premières lueurs du jour et sans un mot, chacun quitte les lieux.


Grâce aux études méticuleuses de Fio’ui Mo’sen, nous avons pu avancer sur la signification spirituelle d’un tel acte. Au-delà de leur rôle de chef de la parenté, les mentors font également office de tuteur génétique de leur espèce. Au fil des générations, les Kroots peuvent assimiler certains traits des créatures qu’ils dévorent et les mentors ont une compréhension instinctive de ce phénomène. Ils peuvent également intégrer les aspects culturels comme la ruse ou la cruauté. Les adversaires choisis par un mentor servent à mener sa parenté le long d’un sentier évolutionnaire spécifique. Les Kroots ont un immense respect de la vie car ils deviennent ce qu’ils mangent. Les êtres vivants sont considérés comme un bien sacré.

D’étranges créatures primitives partagent certains traits avec leur maître en apparence plus évolués. Pourtant ces bêtes représentent une forme évoluée des Kroots bipèdes et non l’inverse. Mais prisonnières d’impasse évolutionnaire après avoir dévorés certaines proies dans le but d’acquérir leur capacité.


Les chiens kroots, bien que dotés d’un intellect limité et un caractère irascible, sont très utiles à la parenté car ils augmentent la qualité de pisteur du groupe tout en étant des animaux féroces. Ils sont capables de traquer l’ennemi grâce à leur flaire développé et n’hésitent pas à l’éventrer avec leur bec acéré une fois qu’ils l’ont acculé.

Le Krootox est un énorme herbivore paisible se nourrissant de la mousse qui couvre le bas des troncs des jaggas. Il fait office de plateforme de tir mobile. Bien qu’il ne soit pas d’un tempérament agressif, il se battra férocement pour défendre les Kroots qu’il considère comme faisant entièrement partie de sa harde.

Ces évolutions peuvent être rapides, comme l’acquisition d’une résistance à certaines conditions extrêmes rencontrées lors d’une campagne militaire. Mais la plupart du temps, l’évolution est si progressive qu’elle est imperceptible et s’étale sur quatre à cinq générations, si ce n’est davantage.


Chaque monde kroot possède ses rites de passage à l’âge adulte et par la même occasion, son entrée officielle dans la meute. Sur Sugdh, le jeune Kroot d’une douzaine d’années reçoit une marque sur la peau, le Sudrekh, en général sur le visage. Ils possèdent une technique toute particulière, pour faire adhérer sur leur peau, de manière irréversible, les pigments de peinture. Pour cela, le mentor utilise des braises enflammées, dont nous n’avons pu percer le secret. Tout ce que nous savons, c’est qu’ils ont un lien fort avec le feu, omniprésent dans tous leurs rites, et qu’ils chérissent par-dessus tout. Au cours de sa vie, il peut recevoir d’autres marquages, soulignant des faits importants de sa vie et notamment au combat. C’est seulement après une Tau’cyr que j’ai pu avoir l’immense honneur d’intégrer la parenté comme un de leur guerrier à part entière. Et depuis je porte fièrement le Sudrekh.


Il m’était alors devenu très simple de comprendre leurs méthodes de chasse et de combat, car les deux sont pleinement liés.

Sur un terrain dégagé ils tendent à adopter une démarche sautillante qui pourrait paraître incongrue. Mais dans une forêt dense, leur domaine de prédilection, ils peuvent sauter d’arbre en arbre à une allure fulgurante. A l’affût parmi eux, attendant la proie, pendant de longues périodes, je me suis habitué à leurs odeurs. Insupportable durant les premières Kai’rotaa de nos chasses, j’arrive maintenant à décoder les odeurs qu’ils émettent pour communiquer. J’ai même pu intercepter certaines discussions dont j’étais le sujet. Quelle ne fût pas leur surprise lorsqu’ils virent à ma grimace que j’avais compris de quoi ils palabraient ! J’étais indubitablement intégré à leur meute.

Les meutes de kroots opèrent indépendamment. Ils s’infiltrent silencieusement au plus près des lignes ennemies. Une fois postés, ils visent soigneusement leur cible et attendent le moment opportun pour déclencher leur embuscade. Quand une proie se présente enfin, ils lâchent une volée dévastatrice. Dès que l’ennemi est suffisamment désorganisé et affaibli, les Kroots surgissent de leur couvert et se lancent à l’assaut en quelques bonds agiles. Le corps à corps qui s’en suit et invariablement sanglant. Car les techniques de combat des Kroots sont expéditives.

Même si les Tau méprisent leur côté primitif, il faut reconnaître que leur sauvagerie fait d’eux des troupes de choc efficaces.


Je n’ai pas eu l’occasion d’en être témoin sur Sugdh, mais Kahr Khyagh, le mentor de ma meute et représentant de toutes les parentés de ce monde, me raconta qu’ils étaient capables de se maintenir en hibernation sur de longues périodes de temps. En effet, comme n’importe quel charognard, ils préfèrent attendre leur proie et peuvent ainsi ralentir leur métabolisme en cas de disette. Parallèlement à cette capacité, ils possèdent un système digestif exceptionnel. Rien de tout ce qu’ils consomment n’est perdu. Incapables d’uriner ou de déféquer, ils peuvent néanmoins régurgités les matériaux indigestes et les substances toxiques.


Les Tau’cyr défilants, avec Fio’ui Mo’sen, nous nous sommes pris au jeu de leur apprendre notre langue. Pourquoi ne l’avions-nous pas fait plus tôt ? Ils ont une réelle facilité pour les langues étrangères grâce à leur talent d’imitation. Très rapidement, tous les dirigeants et les plus jeunes de Sugdh, parlaient notre langue, ainsi que la plupart des adultes.


Les Kroots sont des êtres simples et naturels. Ils ont un nom bien à eux pour qualifier le Bien Suprême : Aghur Makdak. Dans leur approche, il semblerait qu’ils personnifient notre philosophie et marquent une forte démarcation entre le Bien et le Mal, la Lumière et les Ténèbres. Le Bien matérialisé par le feu et personnifié par le faucon kroot. Cet animal, qu’ils considèrent comme la plus vieille forme kroot existante, est une espèce solitaire d’environ la moitié de la taille des Kroots que nous connaissons bien.


Désormais, je suis considéré comme leur chef militaire. Je n’ai aucunement l’intention de prendre la place de leurs mentors dans n’importe laquelle de leurs fonctions, mais ils me font confiance pour les menées au sein de l’Empire Tau. Il est aujourd’hui temps pour moi de quitter ce monde et de revenir sur D’yanoi. Non pas pour suivre ta voix, frère vénéré, mais pour guider les Kroots de Sugdh dans les conflits menés au nom du Bien Suprême.


Je viendrai te trouver dès que je serai de retour sur D’yanoi après ces trois Tau’cyr d’absence, si tu es toujours là, ce dont je n’ai aucun doute.

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